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Le mardi 29 mai 1590, sur les deux heures après minuit, quelques troupes royales passantes près Paris donnerent des resveils à la ville, avec tambours, trom­pettes, clairons, hautsbois et cornets à bouquin. A l'occasion de quoi y eut alarme à Paris ; dont le Roy etant adverty se prist à rire, disant qu'il falloit bien dire que sa maistresse (qu'il appeloit Paris) fust bien farouche, puisqu'elle en vouloit jusques à la douce musique qui lui envoyoit pour la resjouir.
En ce temps le duc DesparnonC1), qui avoit aban­donné le Roy au fort de sa necessité, le voyant devant Paris bien à cheval, s'avisa 4e lever des troupes pour son service ; et à cest effet lui. depescha un des siens avec lettres pour le lui faire entendre, et lui demander de l'argent, sachant bien qu'il n'en avoit point. Mais aussitôt que Sa Majesté les eust veues, il dk à l'autre : « Il ne vous faut point d'autre despêche, si non de vous « en retourner, et dire aM. a'Espernon que je lui a mande, mes que j'aye les Indes (a>, que je lui enverrai « de l'argent. ».
En ce mois de may:, et le 8 d'icelui, mourut prison­nier dans la villede Fontenay-le-Comte, en Poictou, le bonhomme de cardinal de Bourbon (3), que les ligueurs appeloient leur Roy sans couronne, toiïtjçsfois si non celle que l'ordre de sa profession lui avoit mis sur la teste. U deceda d'une retention d'urine qui lui causa une
(0 Le due Desparnon : Jean-Louis de Nogaret de La Valette, duc d'Epernon. Il avoit été l'un des mignons de Henri m. i*)dtès ifue f aye let Indes : dès que j'aurai les Indes. (3) Cardinal de Bouthon : En septembre, on avoit présenté én son nom une requète aux chefs de Ja Ligue, pour qu'on lui fit une pension proportionnée augure «te roi, que lés ligueurs lui avoient déféré. Cette pension ne lui avoit pas été accordée.
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